20 oct. 2012

Waterloo Necropolis





Il y a un moment que je n'avais rien présenté ici, mais aujourd'hui, ne me demandez pas pourquoi, il le fallait.

Il y a un petit moment que j'ai lu ce roman, Waterloo Necropolis de Mary Hooper édité aux Grandes Personnes. Je l'ai lu car je fais partie de la commission Sorcières qui récompense des livres jeunesse chaque année, et il faisait partie de la sélection choisie par les libraires et les bibliothécaires. Sur le coup, l'époque victorienne, c'était pas franchement mon truc, autant le dire. Mais ça se passe à Londres alors forcément, ça lui faisait un petit plus pour me séduire. Alors j'ai plongé dans cette histoire...

Elle commence comme ça: Grace, 16 ans, est dans un train et promène avec elle une petite boîte. Dans cette boîte s'y trouve son bébé, mort né. Ce bébé est arrivé des suites d'un viol. Grace part à destination d'un joli cimetière de bourgeois, en banlieue, pour qu'il ne soit pas enterré dans une vulgaire fosse commune. Parce qu'elle n'a pas d'argent et de toute façon, à l'époque, les "filles-mères" n'ont droit à rien. Alors, lorsqu'elle en a l'occasion, elle le glisse dans le cercueil d'une femme fortunée pour qu'il ne soit pas seul. Dans ce cimetière, elle fait la connaissance d'un jeune homme très sympathique, James Solent, et d'une directrice des pompes funèbres les plus cotées de  Londres, Mrs Unwin, qui lui propose de travailler pour elle en tant que pleureuse d'enterrement. Mais Grace refuse.

Alors oui, ce n'est pas drôle, c'est même plutôt sinistre et pourtant, avec l'écriture fine de Mary Hooper, tout ce texte n'a rien de plombant, c'est comme le témoignage d'une vérité sur l'époque qu'on aurait voulu oublier.

Grace a une sœur simplette, Lily, toutes deux sont orphelines. Pour survivre, elles tentent de vendre du cresson. Mais arrive un jour où ce n'est plus la saison, où elles sont plus pauvres que jamais et où elles doivent quitter leur logement car il va être détruit. Alors Grace accepte la proposition de Mrs Unwin, qui lui garantit un travail, le gîte et le couvert et offre même un emploi à Lily. Mais les Unwin ont une arrière-pensée, ils convoitent un héritage destiné à Lily, dont les sœurs n'ont pas connaissance, et veulent lui faire signer des documents pour qu'il leur revienne à eux...

Avec tout ça, je ne suis pas certaine de vous donner envie, vous allez me dire que c'est triste comme la pluie et que par les temps qui courent, on a surtout envie de se marrer. Ce que je peux vous dire, c'est qu'une fois plongé dans ce roman, je n'ai pas pu en sortir. J'avais toujours envie de connaître la suite, savoir ce qu'il allait advenir de ces deux sœurs. Et surtout, l'auteur a vraiment bien contextualisé son roman, on s'y croirait, on la voit l'Angleterre victorienne, on connaît tous les usages de l'époque! Ce roman nous fait voyager, pas dans l'espace, mais dans le temps. Et c'est remarquablement bien écrit!

J'ajoute également que les éditions Les Grandes Personnes ont toujours dans leur catalogue de véritables bijoux de littérature, originaux, surprenants et captivants! N'hésitez pas à aller jeter un oeil sur leur site!

Voilà, à bientôt tous ;)

6 juil. 2012

Yarkonisée


Et oui me revoilà après moins de 6 mois d'absence, je mérite donc, un tonnerre d'applaudissements!

*CLAP CLAP CLAP CLAP CLAP!!! (tonnerre d'applaudissements)*

Hum hum! 
*Raclement de gorge et chausson de lunettes* 
Aujourd'hui, ladies and gentleman à l'âme d'enfant, voici LE livre, LE coup de cœur que j'ai eu pour au moins les cinq années à venir, le livre à mettre entre toutes les mains, à lire et relire, à aimer, à choyer, à chouchouyarkouter, bref, il s'agit de ce Saint-Graal livre: 
 

Imaginer cette image dans un tourbillon d'étoiles




Ce livre jeunesse raconte l'histoire du Yark, un monstre terrifiant, gourmand, cruel qui adore manger les enfants. Seulement voilà, si le Yark était comme tous les monstres:

1/ Il n'aurait pas autant de sympathie de ma part
2/ Il pourrait dévorer les enfants jusqu'à ce que mort s'en suive en les grignotant les uns après les autres, sans autre forme de procès, et on n'aurait pas à faire un bouquin pour raconter le gavage industriel d'un monstre, car, on s'en foutrait pas mal, avouons-le!

Le Yark est un monstre à l'estomac fragile. Certains enfants lui donnent la nausée, le clouent sur les toilettes, le font se tordre de douleur, bref, ces symptômes ne sont pas sans nous rappeler, l'irremplaçable intoxication alimentaire. 

N'est-il pas trop mignon ce Yark en souffrance sur ses petits toilettes?

Mais quelle est cette espèce d'enfant immangeable? 
Et bien ce sont ceux qui mettent de la glu sur les chaises des profs, ceux qui volent les barbapapas des plus faibles, ceux qui curent leur nez et posent leurs trouvailles dans la capuche de leur petite soeur, ce sont: LES CANCRES. 

Une solution s'impose alors au Yark, ne manger que des enfants sages. Seulement dans le monde d'aujourd'hui, figurez-vous que les enfants sages ne courent pas les rues!! Le Yark va alors partir à la recherche de la précieuse liste d'enfants sages du Père Noël et va s'en suivre moultes aventures.

Il est possible que mon topo enflammé ne vous ait pas convaincu. Mais voilà, ce petit roman illustré a de quoi vous surprendre, il est drôle, une écriture simple mais redoutablement précise, tellement bien vu, bien senti! Ce Yark, malgré ses grosses pattes velues et griffues, n'a rien de pataud, ni de mou, il est pourtant délicat et amusant! C'est original, truculent et jubilatoire! Et les illustrations, ooooh les illustrations, enfin jugez par vous-même, c'est si beau!! Et cette injuste cruauté envers les enfants est tellement inattendue dans un livre jeunesse! Pour une fois!

Bref les enfants, soyez terribles si vous ne voulez pas vous faire dévorer, par le Yark, par la vie, sautons sur les lits et renversons les mémés dans les orties! 

Voilà enfin le roman jeunesse qu'on attendait, merci Bertrand Santini!!!


«Parmi tous les types de Monstres qui grouillent sur la terre, l’homme est l’espèce la plus répandue.
Il en est une autre, cependant, plus rare et moins connue.
C’est le Yark.
(...)
Le Yark aime les enfants.
Il adore sentir leurs petits os craquer sous sa dent, et sucer leurs yeux moelleux comme des bonbons fondants.
Il raffole de leurs petits doigts, de leurs petits pieds, de leurs petites langues qu’il mâchouille avec un brin de menthe comme une friandise sucrée et merveilleusement gluante.
»

24 avr. 2012

À l'intérieur d'un trop grand vide qui cogne très fort...

Ceci est une BD à lire absolument (au cas où mon article ne serait pas assez clair)

Je sais je sais... j'avais un peu tout abandonné par ici, ce n'est pas faute pour autant d'avoir de quoi partager, mais on se refait pas, je pensais à autre chose... Bref, vous voyez le topo quoi.

Enfin bon, j'arrête de m'auto-flageller  pour vous parler de choses bien plus intéressantes!!
Alors voilà, je travaille dans une bibliothèque et dans cette bibliothèque se trouve une section jeunesse, et dans cette section jeunesse se trouve... moi. Je suis tout en bas de la chaîne en poupées russes alimentaire de la fonction publique. Et je vois passer des choses intéressantes quand on me demande de trouver un auteur sympa à inviter pour satisfaire nos petits monstres. 

Et là... PAF! Jérôme d'Aviau (déjà, ce prénom était prometteur) arrive dans ta vie, via cette BD, Le trop grand vide d'Alphonse Tabouret.

Et ben t'as beau être en plein dans les présidentielles, être déçue par les résultats, penser beaucoup trop à des problèmes d'adultes, à un tel point que ça te fait chier, que tu te dis que tu pourras jamais plus retrouver ton âme d'enfant, et bien finalement, le destin d'Alphonse Tabouret te touche, là, au creux, au plus profond.

Les dessins sont simples et délicats, un petit garçon avec des bras immenses, qui découvre la vie et les autres, comme un enfant ouvre les yeux sur le monde. Il y découvre l'amitié, la solitude, l'amour et toutes ces petites choses qui font la vie.

En fait, ce livre, il te fait redescendre un peu. Il te fait redécouvrir ce que tu croyais avoir perdu. L'Innocence.

Tu te rends compte que toi aussi, tu as à l'intérieur, un trop grand vide qui ne demande qu'à être rempli, par des babioles, par des mots, par des larmes qui débordent, par des endives et des amoureux enracinés... (pour comprendre cette accumulation ==> lire le bouquin!)

Enfin voilà, on a envie après ça, de sauter à pieds joints dans ce qu'il nous reste de notre candeur, de se regarder dans une glace en pensant avoir trouvé une amie et d'avoir des supers longs bras, comme Alphonse, pour attraper tout ce qui passe à côté de nous, tout saisir à bras le corps, sans se poser de question.

Allez, deux petits extraits pour vous donner envie:

"Alphonse - Je…tu…nous…euh.
Lilili - Je sais, je trouve aussi.
Alphonse - Tu me fais penser à une endive.
Lilili - Oooooh, c’est mon animal préféré."

... 

"Alphonse ne savait plus vraiment rien du tout.
Il avait de l’amour en aller-retour, et pourtant… Il aurait voulu qu’on lui explique pourquoi s’aimer ne suffit pas à être heureux content.

Peut-être que l’amour, c’est trop compliqué, que ça serait plus fastoche d’apprendre à tricoter."


À dans 6 mois bientôt!